Lundi: folle journée!

3...2...1... Et une nouvelle semaine qui commence!

Notre lundi démarre fort: Sacha se réveille à 5h30 du mat'! Ouais! Hourra! L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt! Croyez-le ou non, en ouvrant les yeux, je trouve ce proverbe complètement à côté de la plaque. Je sais que si je me lève maintenant, la seule chose qui m'attend, c'est la mort pour excès de fatigue! Tom non plus n'est pas enchanté car les jours qui viennent seront intenses et notre nuit ne compte pas assez d'heures de sommeil. Tout ça à cause de ce stupide écoute-bébé! A Barisey, nous n'en mettions pas, et la Terre ne s'est pas arrêtée de tourner. Parfois, Sacha devait hausser un peu le ton pour nous sortir des limbes, mais il n'en a jamais paru traumatisé. 

Ici, c'est un peu différent. La partie nuit des enfants est en rez-de-chaussée tandis que l'étage parental est... à l'étage comme son nom l'indique! Du coup, quand notre petite tête brune se réveille, elle a le temps de brailler un moment avant que nous l'entendions. Si vous me posez la question à 5h30 du mat', heure indue selon moi pour être réveillée, je vous répondrai que c'est très bien ainsi. Oui, je sais, c'est pas sympa du tout, mais c'est la fatigue qui parle, piétinant allègrement ma conscience. En revanche, ses soeurs, et surtout Eva qui occupe la chambre voisine, jouit en plein de ses vocalises matinales, si ce n'est nocturnes! Et ça, ce n'est évidemment pas acceptable, car la Choupette a besoin de son quota de repos pour faire face à ses journées bien remplies. La mort dans l'âme, j'ai sorti les baby-phone des cartons, je les ai installés, je les ai maudits de fonctionner encore depuis le temps et je me suis résignée à accepter de calquer mon rythme sur celui du Fils!

En parents indignes que nous sommes, nous avons entendu le petit monsieur et... nous avons décidé de patienter un peu, des fois qu'il se rendorme: on est jamais à l'abri d'un coup d'bol! Ni coup de chance ni miracle aujourd'hui, il ne se rendort pas: c'est toujours le plus persévérant qui gagne et ce coup-ci, c'est lui! 

Pas rancunière, une fois les filles déposées à l'école, Sacha et moi effectuons notre promenade journalière à la plage. Je crois que je ne me lasserai jamais de voir le soleil se lever et darder ses premiers rayons sur la mer si paisible qu'elle paraît être encore endormie. Pour Sacha, c'est un plaisir à chaque fois renouvelé de jouer dans le sable et d'avoir sa maman disponible rien que pour lui. Je chéris ces moments privilégiés de complicité avec mon petit homme. C'est si éloigné de l'agitation perpétuelle qui a cours lorsque les trois enfants sont présents. La Méditerranée est encore très chaude: c'est un réel plaisir de marcher les pieds dans l'eau. Les joggeurs se font rares, les promeneurs moins nombreux de jour en jour, mais nous restons fidèles à ce rendez-vous quotidien. 

La journée se passe sans rien de spécial à vous relater. En revanche la fin d'après-midi vaut le détour! Ce soir, c'est réunion de rentrée avec la maîtresse de Jeanne. Quoique ce ne soit pas tout à fait exact. La réunion de rentrée, c'était jeudi dernier. Mais j'en ai été interdite d'accès, car venir avec ses trois mouflets est non seulement mal vu, mais également exclu. C'est Jeanne qui m'a dit ça un jour en sortant de l'école: "La maîtresse a dit qu'il ne fallait pas venir avec les bébés!". Il arrive régulièrement qu'elle relaye des informations partiellement justes voire totalement fausses. J'ai donc été demander confirmation à Mme POUSSE qui a validé les dires de ma Nenette! J'en suis restée pantoise! Que diable suis-je sensée faire de mes petits pendant les 3 heures que dure la réunion? L'enseignante ne cède pas, mais propose une entrevue en comité restreint qui a lieu ce soir. Je ne peux pas lui vendre que mes enfants sont des anges et qu'ils ne bougent pas, elle verra bien que je me suis payé sa tête! Ok pour ça, de toute façon, ai-je vraiment le choix? Je suis un peu déçue car je misais gros sur cette opportunité de rencontrer d'autres parents et de sortir un peu de ma solitude devant l'école. Tant pis, il faudra trouver autre chose...

A 15H30, Sacha et moi nous mettons en route. J'ai mis un maximum de chances de mon côté en lui faisant faire une bonne et longue sieste: ce serait bête qu'il soit de mauvais poil! J'ai tout préparé: les goûters des filles, le doudou du petit ainsi que ses jouets, son biberon d'eau. Hors de question que je me fasse avoir sur un coup simple alors j'essaye de parer à toutes les éventualités. Je suis soulagée que Sacha me remplisse sa couche avant de partir: je serai quitte qu'il le fasse pendant la réunion. Je suis confiante, tout devrait bien se passer. C'est tout l'ennui avec le conditionnel: ça reste aléatoire!

16h: je récupère les filles, elles goûtent, Sacha est de bonne humeur: Yessss! 

16h30: je monte dans la classe de Jeanne. J'ai la surprise d'y trouver quelques autres parents. Certains étaient absents le jeudi précédent, d'autres sont dans le même cas que moi et sont accompagnés de leurs marmots. Ceci dit, j'ai à coeur de ne pas faire petite joueuse, donc là où les autres ont 1 voire 2 enfants dont le plus jeune a 6 ans, moi, je joue gagnant en étant flanquée de 3 pitchounes dont un bébé. 

D'entrée de jeu, une maman me met le grappin dessus, je ne peux pas qualifier ça autrement. Nous avons du être amies dans une autre vie et je ne m'en souviens plus, ce n'est pas possible autrement. Elle me dit qu'il faut qu'on s'entraide, qu'on se garde les enfants l'une de l'autre, qu'il faut qu'on se voit, qu'on s'invite, qu'on s'appelle, etc. J'ai du mal à accepter cette intrusion si directe dans ma sphère privée et de vous à moi, ça ne m'emballe pas plus que ça. Je ne veux pas du tout garder ses mômes, et surtout, je ne lui confierai pas les miens! Elle me met presque un couteau sous la gorge pour que je rentre son numéro dans mon téléphone et m'incite fortement à lui envoyer le mien par sms dans la soirée! Bou! Ça ne me dit rien qui vaille.

Je suis sauvée par Mme POUSSE qui débute la réunion! Dès les premières minutes, Sacha entrevoit la possibilité de faire des âneries: il a vraiment un don pour ça! Il se tortille pour quitter mes genoux et alors que je le retiens fermement, il couine, il geint, il fait sa petite tête de malheureux. Jusque là, ça va, je me montre inflexible. Mais il a plus d'une corde à son arc l'animal! Et il ne lésine pas, il sort directement son arme fatale: le hurlement à vous rendre sourd! Ok, c'est bon, j'ai compris! D'ailleurs, tout le monde a compris et me regarde d'un oeil mauvais. Pas le choix, je le laisse courir dans la classe.

Je joue de malchance ce soir, car j'avais brieffé les filles pour qu'elles prennent un peu le relais de maman. Comme de bien entendu, Eva a la migraine et est à moité agonisante, et Jeanne a déjà tout oublié, trop excitée de me faire découvrir sa classe! Grrrr! Sacha s'en va, tout fier de cette 1ère victoire de la soirée! Je lui sors ses jouets mais il n'en a cure. Je tente avec son doudou qui finit nonchalamment au sol. Aïe, ça se corse! Je dégaine mon argument ultime: son petit biberon d'eau. D'habitude, il s'asseoit, et il le mâchouille pendant des heures. Sauf que d'habitude, on est pas en réunion avec la maîtresse. Là, c'est tellement jouissif de faire enrager maman. La pauvre, elle est pieds et poings liés, elle ne peut pas crier, elle ne peut pas partir, elle est complètement impuissante et démunie! C'est vache d'abuser sans vergogne de la situation!

Bref, le biberon rejoint le reste des jouets parterre et petit Sacha part à l'aventure. C'est une catastrophe, il touche à tout: aux livres, aux cahiers, il tape sur le radiateur, il vide la poubelle, il tire sur les câbles de l'ordinateur. A bout de ressources, je commence à vider le contenu de mon sac à main: peut-être que ça l'amusera un moment de jouer avec ma brosse à cheveux ou avec mon porte-feuille! Mouais, sans plus! En revanche, il semble intéressé par mon Iphone. Ah non, je ne céderai pas à ce racket! En réponse, j'ai droit à une grosse colère, à laquelle je mets un terme en lui proposant un compromis: mes clés de voiture. Bingo! Ca marche et il se calme!

Les filles ne sont pas en reste! Jeanne touche à tout et vient sans cesse me solliciter. C'est certain, on parlera de moi comme "la mère des gosses super mal élevés"! La maîtresse se retient de hausser les yeux au ciel: je suis rouge de confusion derrière mon pupitre! Tout à coup, ça se calme. Les enfants trouvent un jeu au fond de la classe et s'installent presque en silence. On appelle ça l'oeil du cyclone! Après ces quelques minutes de répit, mon Sacha revient me voir. Il me tend ses petits bras et... mon Dieu qu'il sent mauvais! C'est pas possible, il a refait caca! C'est sa spécialité! Depuis sa naissance, il me gratifie toujours de couches monstrueuses quand on a pas le temps, quand je suis coincée et que je ne peux pas le changer, quand il va me foutre une honte maximale! On est en plein dedans! Il a décidé de me mettre à genoux ce soir, et franchement, il mène ça de main de maître!

Je m'apprête à interrompre une fois de plus la maîtresse pour aller changer mon "adorable chérubin" quand je suis frappée par l'absence de ma clé de voiture dans sa petite main dodue! J'appelle discrètement les filles. En vérité, je n'ai plus besoin d'être discrète, je suis définitivement grillée de toute façon! Je leur demande de chercher ma clé qui se trouve quelque part dans la salle. Les filles, qui sont toujours d'une incroyable délicatesse, entreprennent de retourner la classe à grand bruit. Je les foudroie du regard et les exhorte au silence. Sauf qu'au bout du compte, pas de clés! M... et re-m...! Je vais faire comment pour rentrer? Les clés de maison sont dans la voiture en plus! Je ne vais quand même pas appeler Tom?

Je craque et cède complètement à la panique. Au mépris de la plus élémentaire des politesses envers la maîtresse, je vide mon sac sur la table, je me lève, je farfouille entre les livres et sur les étagères, je me mets à plat ventre. Je retourne m'assoir quelques minutes, puis, n'y tenant plus, je reprends mes recherches. Mme POUSSE me regarde d'un oeil ahuri quand je me mets à fouiller dans la poubelle. C'est ce moment que choisit la prof d'Espagnol de Jeanne pour venir se présenter. Elle me trouve les deux mains dans la corbeille, entrain de soulever des chutes de papier et une vieille barquette de taboulé. On a la classe ou on l'a pas! J'aurais envie d'être avalée par le sol! Pourquoi refuse-t-il de s'ouvrir sous mes pieds? 

De surcroît, je sens que la réunion touche à sa fin. Non contente d'avoir copieusement ignoré et importuné l'enseignante depuis qu'elle a pris la parole, je vais en plus devoir la retenir pour chercher ma clé! Je sentais bien que ça n'annoncait rien de bon ce réveil à 5h30 du mat'! Je le savais!!! Je redouble d'efforts, je cherche frénétiquement, et pour ce, je délaisse mon Sacha qui m'assenne le coup de grâce en faisant dégringoler tout le contenu d'un casier! Tant pis, j'arrête, on rentrera à pied, on ira à l'hôtel faute de pouvoir rentrer chez nous, je n'en peux plus! La réunion se termine, je n'en ai pas écouté un mot! Et voilà l'autre dinde du début qui revient à la charge! Ah non, là je suis pas d'humeur! Elle m'explique qu'il faut que je demande à Sacha où est-ce qu'il a mis la clé de maman! Mais oui, bien sûr! Comment n'y ai-je pas pensé plus tôt? Elle bêtifie devant mon gamin, pendant que je rampe pour regarder sous les meubles! Punaise mais elle est OÙ cette clé??? N'empêche, quelque minutes plus tard, c'est par "la dinde" que mon salut arrive! Non, Sacha ne lui a pas dit où était le trousseau! Seulement elle regardait à hauteur d'homme tandis que j'évoluais à quatre pattes. En réalité, mon jeu de clés était gentiment posé sur une étagère alors je pouvais toujours chercher! Il avait sans doute été délaissé par mon petit monstre, puis ramassé par d'autres enfants qui l'avaient placé en hauteur! Je vous assure, je suis partie sans demander mon reste, après m'être confondue en excuses auprès de la maîtresse.

Ouf! Plus de peur que de mal... Enfin non, parce que je suis étiquetée à vie comme "la mère foldingue qui fouille dans les poubelles"...